FASTING : THE SWITCH OF LIFE – Le XVIIIe Congrès international du Jeûne, Überlingen (Allemagne), 29-30 Juin 2019

Après l’introduction et les souhaits de bienvenue par les Docteurs Eva LISCHKA et Françoise WILHELMI DE TOLEDO, cette dernière nous présente les conclusions principales de l’étude publiée dans PLOS ONE en janvier 2019. Menée auprès de 1422 patients de la Clinique Buchinger-Wilhelmi, cette étude conclut essentiellement que la pratique du jeûne est sans danger, qu’elle accroît le bien-être physique et psychique, et qu’elle améliore significativement les paramètres de la santé. Le Dr Wilhelmi de Toledo ajoute que jeûner est préférable à l’imitation du jeûne : « Do the Real Thing », faisant allusion aux produits alimentaires qui sont commercialisés pour obtenir des effets analogues au véritable jeûne.

 

Suit une présentation non dénuée d’humour dans lequel Yvon LE MAHO (CNRS Strasbourg) nous détaille les stratégies mises en place pour étudier les manchots empereurs avec des robots déguisés. Cette espèce, championne du monde de jeûne prolongé (plus de cent jours) fait toujours l’objet d’études scientifiques sur le continent antarctique.

 

Jean-Jacques TROCHON, initiateur du premier symposium « Rethinking Cancer » réunissant médecins oncologues, nutritionnistes et scientifiques, est l’illustration vivante et convaincante de ce que le jeûne peut apporter dans le traitement du cancer. Il y associe un régime cétogène et la consommation régulière de phycocyanine, ce qui lui permet à ce jour de démentir les plus sombres pronostics.

 

Andreas MICHALSEN, professeur de médecine à l’Hôpital de la Charité de Berlin, souligne que les études cliniques se multiplient, les méthodologies s’affinent, les travaux universitaires modernes se mesurent aux médecines traditionnelles avec des convergences intéressantes. Les preuves s’accumulent, et mettent en évidence de nombreuses indications médicales au jeûne thérapeutique, du moins en Allemagne.

 

Daniela LIEBSCHER nous présente une étude observationnelle qu’elle a conduit pour sa thèse au sein d’une communauté Ba’hai, auprès de 145 sujets avec un suivi prolongé trois mois. Ce groupe observe chaque année un jeûne sec intermittent de 19 jours au mois de mars, avec un objectif de purification spirituelle. Ses conclusions rejoignent celles de l’étude présentée en début de congrès : aucun danger pour la santé, accroissement sensible du bien-être des pratiquants.

 

Le Dr Bettina BERGER a pour sa part mené une étude pilote chez des diabétiques de type 1 (donc figurant dans la liste théorique des contre-indications formelles au jeûne). Un jeûne de type Buchinger réalisé sous surveillance médicale objective une diminution importante des besoins en insuline, et une différence fondamentale entre la cétogenèse observée et la cétose redoutée par ces patients, de nature différente.

 

James MITCHELL, professeur au Département Génétique et Maladies complexes à l’Université de Harvard (Boston, États-Unis), détaille les avantages d’une restriction calorique dans la lutte contre le vieillissement. Validé depuis longtemps sur les modèles animaux, elle semble être équivalente à une restriction protéique, indépendamment de la quantité totale de calories. L’étude des phénomènes moléculaires de résistance au stress mobilise son équipe de recherche.

 

Le Dr Johannes G. WECHSLER, Directeur médical du Centre de Médecine Nutritionnelle et de prévention, et président de l’Association fédérale allemande des médecins nutritionnistes, poursuit en présentant une rétrospective de 40 années de régimes protéinés.

 

Plusieurs cas cliniques sont ensuite présentés par le Dr Eva LISCHKA, médecin-chef de la Clinique Buchinger-Wilhelmi et Présidente de l’Association Médicale Allemande de Jeûne et Nutrition. Ils confirment notamment la conclusion du Dr Otto Buchinger qui disait : « Le jeûne pendant plusieurs semaines est la voie royale pour la guérison, mais malheureusement les patients n’ont pas le temps ». Le Dr Martha RITZMANN-WIDDERICH, médecin nutritionniste, observe que le jeûne intermittent sur le modèle 16/8 ne suffit pas pour obtenir une réduction pondérale, il faut y associer une réduction calorique.

 

Grâce à une vidéotransmission en direct, le Professeur Mark MATTSON revient sur les travaux qu’il dirige au sein du Laboratoire de Neurosciences, et de l’Institut National du vieillissement à la Faculté de médecine John Hopkins de Baltimore (USA). Pour ce chercheur, le jeûne est propre à la plupart des espèces animales, et les études montrent l’allongement de la vie chez les individus qui traversent des périodes régulières de privation de nourriture. Associé à l’exercice physique vigoureux, on sait que le jeûne permet le « switch » métabolique depuis la consommation de glucose d’origine hépatique, vers celle des corps cétoniques dérivés des graisses. Des travaux scientifiques récents montrent que la pratique du jeûne protège des maladies neurodégénératives (Alzheimer et autres démences, Parkinson, et même risque vasculaire cérébral). Il observe que les médecins devraient apprendre à recommander et même prescrire le jeûne à leurs patients.

 

« Jeûne et silence sont des frères jumeaux » remarque Niklaus BRANTSCHEN, jésuite et maître zen (Suisse). Il ajoute que le jeûne est une voie thérapeutique royale, pour le corps et pour l’esprit. Dans ce contexte, la prière est une écoute de soi-même, et le silence est une partie importante de la démarche.

 

Existe-t-il des substances dont l’absorption aurait des avantages comparables au jeûne ? C’est une question soulevée par Frank MADEO, professeur de Biochimie à l’Institut Biomoléculaire de Graz (Autriche). Pour ce découvreur des programmes de suicide cellulaire, toutes les études montrent que la restriction calorique augmente la longévité. Il est l’un des chercheurs les plus cités au monde sur le vieillissement cellulaire, et a montré que la molécule de spermidine a le pouvoir unique d’allonger la vie des mammifères et de protéger de la démence liée à l’âge. D’autres molécules sont utilisées en médecine, depuis longtemps : la metformine, connue des diabétiques, et aussi la rapamycine, les corps cétoniques, les polyphénols, présents dans certains aliments notamment fermentés. Enfin il apparaît indiscutable que le jeûne intermittent prolonge la vie en bonne santé, et améliore cette dernière.

 

Robin MESNAGE, toxicologue dans le département médical de génétique moléculaire du King’s College (Londres) s’est intéressé au microbiome intestinal et à l’influence de l’alimentation sur sa composition. Cette population bactérienne de nos intestins possède une influence déterminante sur notre humeur, et notre système immunitaire. L’alternance nourriture/jeûne est physiologique, naturelle, et contribue certainement à son équilibre. Mais le microbiome intestinal de chaque individu a une composition unique et à l’avenir une personnalisation du jeûne selon les individus peut être une piste intéressante.

 

Au Laboratoire de radiologie de l’Université Jean Monnet à Lyon (France), Le Dr Pierre CROISILLE, radiologue, et Magali VIALLON, physicienne, ont étudié précisément les changements dans la composition du corps humain d’un jeûneur de deux semaines selon la méthode Buchinger. Une imagerie médicale par résonance magnétique (IRM) a été renouvelée 5 fois entre la semaine précédente et le 4ème mois après ce jeûne. Parmi les résultats fondamentaux, on peut citer la réduction durable de la graisse corporelle, la stabilité de la masse musculaire (moins de 3% de diminution en 14 jours de jeûne) l’absence de modification du myocarde, et une régénération cellulaire de la moelle osseuse, là où se forment les globules du sang.

 

Ce Congrès a donc été une occasion unique d’apprécier la vitalité et la richesse des travaux en cours, associant médecine de la nutrition et recherche fondamentale. Toutes les études concourent à valider les bienfaits du jeûne, sous ses différentes formes, en matière de santé humaine. La traduction en français a permis à notre délégation de participer pleinement à ces exposés. Rendez-vous en 2021 !

 

Dr J. Rouillier

« Jeûner Côté Mer »

www.jeunercotemer.com

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