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Salariés détoxés = salariés déstressés

Dirigeants, managers et collaborateurs s’offrent des parenthèses détox dont les bienfaits sont notoires pour la performance de l’entreprise. Reportage au cœur d’une cure, dans un centre du Vercors.

Face à un panorama imprenable sur de hauts plateaux et falaises calcaires, les « stagiaires » sont venus « souffler un peu », « décompresser ».
Face à un panorama imprenable sur de hauts plateaux et falaises calcaires, les « stagiaires » sont venus « souffler un peu », « décompresser ». (DR)

Par Julie Le Bolzer

Publié le 9 juin 2015 à 06:01

Repas d’affaires plantureux ou casse-croûtes engloutis sur le pouce, activité physique réduite à trois foulées pour attraper un taxi... Nombreux sont ceux qui ont sacrifié l’hygiène de vie sur l’autel de leur quotidien professionnel. Résultat : manque d’énergie, insomnie, irritabilité... « Une majorité des personnes qui viennent suivre une cure de détox se disent stressées, à bout de nerfs, voire proches du burn-out », constate Thomas Uhl, naturopathe de formation, fondateur de La Pensée Sauvage, entreprise qui compte plusieurs centres de détox, dans la Drôme (Rhône-Alpes), à Madère (Portugal) ou encore à Ibiza (Baléares, Espagne).

Dans le département drômois, l’établissement La Pensée Sauvage est situé sur les contreforts du Vercors, face à un panorama imprenable sur de hauts plateaux et falaises calcaires. Cette semaine-là, les « stagiaires » sont venus « souffler un peu », « décompresser » et se familiariser avec de nouvelles habitudes alimentaires, plus saines, plus équilibrées. Au programme : jeûne, monodiète ou cure à base d’aliments frais et bio, randonnées de plusieurs heures dans la nature en fleurs, soins (spa, massages prodigués sous une yourte...), séances de yoga, cours de cuisine...

Chaque participant bénéficie d’un accompagnement et d’un suivi personnalisés, le mot d’ordre restant le plaisir. Effectivement, on « débranche vraiment » : hallali des sonneries de téléphones portables et avalanches de mails ne sont que de lointains souvenirs. On inspire la sérénité à gorge déployée, par grandes bouffées. Et on expire lentement, pour extérioriser tout le stress accumulé. La zen attitude vous gagne. Ici, pas de blouse blanche, pas d’ayatollisme, pas d’orthorexie à outrance (lorsque manger sain devient une obsession).

« Si nous proposons un programme individualisé et adapté à chacun, c’est pour que les bienfaits perdurent », souligne Thomas Uhl. La vitalité retrouvée, sur le long terme, est l’un des bénéfices plébiscités par tous les curistes, sans exception. « Lorsque je me suis rendu à La Pensée Sauvage, mon objectif était de perdre du poids, explique Yannick Pons, le fondateur de Vivastreet, site Internet d’annonces gratuites. Et j’y suis parvenu : entre la semaine de préparation, la semaine de cure et la semaine de récupération, j’ai perdu 7 kilos. Mais surtout, chose que je n’avais pas du tout anticipée, j’ai eu un regain d’énergie qui a duré pendant plus de six mois : plus jamais fatigué, du dynamisme à revendre... J’ai été allégé de 15 ans ! ».

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Nombre d’entrepreneurs et de dirigeants ayant suivi une cure de détox transposent ensuite les bonnes pratiques dans leur entreprise, pour sensibiliser leurs collaborateurs aux avantages d’une nourriture plus diététique et d’un mode de consommation plus responsable : les viennoiseries sont remplacées par des fruits frais, le café reste mais trouve une alternative dans les tisanes, la société participe à l’abonnement à des salles de sport et se rapproche de l’Amap (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) pour faire livrer, sur le lieu de travail, des paniers de légumes de saison... Le mieux-être s’invite de plus en plus dans les organisations de toute taille et de tout secteur d’activité.

« Il y a aussi des chefs d’entreprises qui nous envoient des membres de leur équipe », dit Thomas Uhl. C’est ce que fait Gilles Gaudin, président de Nexilis, groupe spécialisé en génie climatique, implanté à Marseille et comptant 380 salariés. « On ne peut évidemment pas imposer à quiconque une cure de détox. Le jeûne reste encore un sujet un peu tabou et il s’agit d’une démarche psychologique singulière, remarque Gilles Gaudin. Personnellement, je me suis, en quelque sorte, fait l’ambassadeur de cette approche. Mes équipes voient bien, lorsque je reviens de La Pensée Sauvage, l’état physique et psychique dans lequel je me trouve : je repars à neuf ! ».

Une cinquantaine de collaborateurs de Nexilis, dont des managers et cadres dirigeants, ont participé à une cure de détox à La Pensée Sauvage. Parfois seuls, parfois en groupe. « Cette expérience crée un lien très particulier, y compris entre les curistes qui ne se connaissaient pas en arrivant et qui viennent d’horizons très différents. Donc si c’est l’équipe d’une entreprise qui y participe, ensemble, cela génère une nouvelle dynamique, et une solidarité indéfectible entre les membres », note Gilles Gaudin qui évoque aussi « l’efficacité redoutable » dont il fait preuve en retour de cure. « Le gain de performance est évident. Mais ce n’est pas une finalité en soi. Tous les dispositifs visant le bien-être et la qualité de vie au travail doivent être sincères et s’inscrire dans une démarche globale qui touche également le management, l’organisation du travail... », insiste-t-il.

En neuf années d’existence, La Pensée Sauvage a vu évoluer les attentes et les motivations des curistes. « Aujourd’hui, certains demandent à rester plus longtemps, deux semaines au lieu d’une. Et nous avons un taux de fidélisation de 80 % : ils sont de plus en plus nombreux à revenir », observe Thomas Uhl. C’est le cas de Yannick Pons, de Gilles Gaudin, et aussi d’Emmanuel, cadre dirigeant dans une société de production audiovisuelle et musicale, qui participe pour la seconde fois à une cure de détox dans le Vercors. Mais ce n’est pas une démarche solo : il est venu avec sa sœur et une bande d’amis.

Durant l’hiver qui a suivi sa première cure, Emmanuel n’est pas tombé malade. Solide comme un roc, invulnérable aux microbes. Et depuis sa première participation, il a appris à adapter son alimentation aux besoins de son corps et à la dépense énergétique que suppose chaque situation. « Surtout, nous sommes sous pression au quotidien, dit Emmanuel. Donc lorsque nous arrivons ici, c’est aussi pour lâcher prise, pour nous offrir une parenthèse de bienveillance, avec un personnel* aux petits soins et une ambiance entre les participants franchement détendue et amicale ».

En effet, le jeûne n’a en rien entaché la bonne humeur des « stagiaires » : tout le monde se satisfait du bouillon de légumes et fréquente assidûment - et joyeusement - le bar à tisanes. « A aucun moment nous ne ressentons la sensation de faim. Nous sommes nourris par l’environnement, comme dans une retraite spirituelle », estime Harald, un trentenaire belge, salarié d’un groupe pharmaceutique, et habitué des cures de détox. Pour ceux qui ne jeûnent pas, les menus sont composés de légumes, de fruits, de céréales, d’algues... Des repas qui favorisent l’élimination des toxines... mais pas du sens de l’humour. « Les boucheries détox, ça existe ? », interroge un curiste.

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