Et si Jeûner nous reliait à nos besoins psychiques fondamentaux ?

Ecrit par Dominique Juveneton, conseillère conjugale, psychopraticienne relationnelle ; Responsable du centre l’Amandier, d’après le livre de Dominique et Pierre Juveneton paru en mars 2020 aux éditions de Phénicie : « L’appétit vient en jeûnant »

En tant qu’être humain nous avons des besoins physiologiques pour vivre et être en santé, c’est le cas de manger, dormir, boire. Nous avons aussi des besoins psychiques fondamentaux pour pouvoir mener une vie épanouie et équilibrée. Ces besoins sont présents très tôt dans notre vie car la psychologie d’un enfant se construit peu à peu en même temps que son corps…

Voici les grands besoins psychiques développés en psychanalyse : sécurité, lien, affirmation, reconnaissance, créativité, liberté, sexualité, sens… Nous allons nous attarder sur les trois premiers besoins qui inter agissent en permanence dans notre vie et qui ont été mis à mal durant cette période bien particulière de 2020 : le besoin de sécurité, celui d’être en lien et de pouvoir s’affirmer.

Durant cette pandémie, les médias ont véhiculé la peur qui a gouverné notre vie bien plus qu’habituellement : peur du covid, de perdre un être cher, la peur de l’autre, celle du gendarme, de la privation de liberté, etc. En quelques mois beaucoup de vies ont basculés dans quelque chose de très insécurisant, de la solitude, voir du vide.

Ce qui hier encore était synonyme de sécurité a été pas mal chahuté.

Nous avons constaté, et ce plus encore lors des cures entre les deux confinements ; combien le jeûneur a eu besoin d’être accueilli avec ses peurs. Cette pandémie avait quelque chose d’inconnu tout comme l’est le jeûne pour un primo jeûneur, qui favorise en temps normal le revécu d’insécurité plus ancienne. Notre rôle d’animateur est important pour aider les jeûneurs à exprimer leurs angoisses qu’elles soient réelles ou inconscientes. Le jeûneur a besoin d’être rassuré, de recevoir de l’attention, du contenant. Aussi pour nous animateurs il est important de proposer régulièrement un tour de parole, qui fait contenant et pare les angoisses. Ce moment devient rassurant et très souvent ce tour de parole suffit pour rendre possible l’apaisement. Chacun va durant la semaine retrouver de la force et de la sécurité intérieure.

Le deuxième besoin qui a été en difficulté est celui du lien

Recevoir du bon et pouvoir en donner. De nombreuses personnes se sont retrouvées privées de réconfort, dans une solitude extrême. Le port du masque nous a fait basculer dans un monde sans expression, source de souffrance pour l’enfant mais aussi pour les adultes que nous sommes. Depuis que nous sommes bébés nous nous sommes construit grâce et par la relation avec l’autre. Ce besoin de lien et d’interaction affectifs apparaît pour le bébé vers six semaines dans le prolongement naturel de son besoin de sécurité. La dimensionaffective relationnelle qui s’ajoute alors est vitale pour lui. Un enfant a besoin du regard sécurisant de sa mère ou d’une personne signifiante pour découvrir le plaisir de manger, d’apprendre, de jouer…

Dans les séjours de jeûne, ce besoin de lien est présent, notamment lors de l’accueil du jeûneur. Il s’agit d’un moment important. Le responsable du séjour agit en bonne maman ou bon papa accueillant, sans jugement et laisse les peurs s’exprimer, en rapport avec le contexte, la semaine, le lieu où le groupe. Cela a été encore plus important en période de covid. En nous occupant de rendre les curistes heureux, en les prenant en compte, nous facilitons leur semaine. Nous ressentons combien nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin d’un regard bienveillant, besoin de se sentir exister et d’appartenir en quelque sorte à une famille. Le jeûneur d’une façon générale vient chercher de l’attention. Il a besoin que l’on s’occupe de lui et il redécouvre l’importance du lien à l’autre.

Tout comme l’enfant qui vers dix-huit mois essaie de consoler l’autre, éprouve de la compassion et le désir d’aider et de soulager, le jeûneur agit de même avec les différents membres du groupe. En jeûne, la bienveillance, l’empathie, l’attention portée à l’autre, rendent possible pour chacun, d’être vu dans sa différence et d’exister dans son unicité. C’est le sourire des membres du groupe et des animateurs, qui autorise cette bascule de la peur à la confiance et au lâcher-prise. Finalement, le plaisir s’apprend dans la relation avec les autres : plaisir du bouillon, du partage des jus de fruits et légumes, des discussions lors des randonnées ou au spa… mais aussi le plaisir des moments de silence.

Le troisième besoin à avoir été en difficulté est celui de l’affirmation.

Chez l’enfant, au besoin de lien et d’accordage affectif, s’ajoute une envie de plus d’autonomie. Vers six ou huit mois, pour grandir il sort de la fusion avec sa mère et ressent qu’il existe individuellement. Il a aussi besoin de se savoir un bon bébé dans son regard à elle pour découvrir qu’il a de la valeur. Si cela n’est pas le cas, il va ressentir et vivre du vide, des angoisses liées à la séparation, des peurs de s’effondrer lorsqu’il n’a plus de point de repère.

Avec cette pandémie, nous avons perdu nos repères et nous avons été confrontés à une perte de liberté et d’autonomie. Certaines familles séparées par la distance, des personnes vivant seules ne pouvant pas rencontrer des amis, ont ressenti un vide relationnel. La distance imposée, ne pas pouvoir se toucher a ajouté de la complexité.  Faire, ne pas faire, sortir avec une autorisation… difficile de s’affirmer dans ce contexte. Nous avons accueilli des personnes qui avaient un grand besoin de s’accorder une semaine pour elle, afin de recevoir et d’oser être pleinement. Le jeûneur qui expérimente le jeûne pour la première fois, peut être confronté au vide du fait du manque de nourriture. Mais s’accorder une semaine rien que pour soi, nous révèle à nous-mêmes. Tout comme l’enfant qui s’éloigne de sa mère, le jeûneur s’éloigne de la nourriture et s’autorise à se faire confiance, à se rencontrer. La surprise est là durant la semaine, lorsque chacun découvre qu’il reçoit bien plus en prenant soin de lui que ce qu’il avait imaginé.

2021 s’annonce avec plein de promesses et l’envie de passer à autre chose. Peut-être avez-vous pris des résolutions pour avoir plus de répondant lorsque la vie vous bousculera de nouveau. Alors bienvenue dans l’un de nos centres pour venir vivre une semaine de jeûne, pour vous retrouver, retrouver de l’énergie, de la confiance, de la force.

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