Le jeûne, anti-hypertenseur ?
Le jeûne, une méthode naturelle pour réduire l’hypertension ?
Connu depuis longtemps en Allemagne notamment grâce à la clinique Buchinger, le jeûne est pratiqué en France de plus en plus, souvent par des personnes souhaitant accorder une pause à leur organisme, dans une société de plus en plus stressante. Mais, cette pause salutaire, loin du stress quotidien, comporte aussi d’autres bénéfices, comme par exemple celui d’être un anti-hypertenseur naturel, comme le prouve les études ci-dessous.
Les risques liés à l’hypertension artérielle
L’hypertension (c’est-à-dire une tension artérielle supérieure ou égale à 140/90 mmHg) est un facteur de risque majeur des maladies cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral, etc.).
Ces maladies sont en grande partie liées à nos modes de vie modernes :
- obésité abdominale,
- manque d’exercice physique,
- tabagisme,
- stress,
- nutrition inadaptée,
- consommation excessive de sel, de sucre et d’alcool.
A titre d’exemple, la consommation moyenne journalière de sel est de 10g en France, alors que le seuil maximal conseillé est de 2g !
Les études sur le jeûne et l’hypertension artérielle
Étude à la clinique Buchinger :
Une étude publiée en 2020 dans le journal American Heart Association par Franziska Grundler, Robin Mesnage, Andreas Michalsen et Françoise Wilhelmi de Toledo, menée sur 1610 jeûneurs et jeûneuses, à la clinique allemande Buchinger Wilhemi d’Uberlingen, montre que l’hypertension artérielle est réduite efficacement par un jeûne thérapeutique long d’une durée moyenne de 10 jours.
Sur 690 jeûneurs ayant une tension artérielle trop élevée (dont 377 sous médicaments antihypertenseurs), la tension a baissé et l’administration des médicaments a pu, dans la plupart des cas, être réduite ou arrêtée pendant le jeûne. Chez les 920 jeûneurs présentant une tension artérielle normale, celle-ci a diminué, tout en restant dans des valeurs normales. Les valeurs basses avaient même tendance à augmenter au bout de plusieurs jours.
L’amélioration de la tension s’est poursuivie plusieurs jours après la reprise alimentaire. Pour faire perdurer ce résultat, un changement dans le mode de vie sera à envisager (Diminution des apports en sel et en alcool, perte de poids, alimentation riche en magnésium et potassium, alimentation méditerranéenne, gestion du stress)
Étude californienne :
Au centre TrueNorth, en Californie, le docteur Alan Goldhamer, a mené une étude pour évaluer les effets d’un jeûne prolongé sur 174 personnes souffrant d’hypertension artérielle. Une période de descente alimentaire a été réalisée, avec une alimentation exclusivement de fruits et de légumes les 3 jours précédant le jeûne. Un jeûne hydrique de 10 jours a été réalisé, suivi d’une réalimentation progressive sur une semaine, sans produits animaux, et pauvre en gras et en sodium.
Le jeûne a été efficace chez près de 90 % des participants, leur tension artérielle étant passée en dessous du seuil de 140/90 mm Hg. En moyenne, leur tension artérielle systolique a diminué de 37 mm Hg, et leur tension artérielle diastolique de 13 mm Hg. Plus la tension des participants était élevée au début du jeûne (stade 3), plus la diminution a été importante, avec une baisse en moyenne 60 mm Hg pour la pression systolique et 17 mm Hg pour la pression diastolique. L’ensemble des participants sous traitement médicamenteux anti-hypertensif au début de l’étude a pu l’interrompre.
Conclusion des études :
Le jeûne favorise la baisse de l’hypertension par plusieurs mécanismes :
- diminution du poids pendant le jeûne
- diminution de la circonférence abdominale (facteur de risque cardio-vasculaire)
- Arrêt de la consommation de sel, d’alcool et de sucres
- Arrêt ou baisse du tabac
- Séjour en centre de jeûne propice à la détente et au ressourcement (activation du système nerveux parasympathique)
- Augmentation de la production de BDNF, facteur neuroprotecteur activant le parasympathique, et donc la baisse de la tension artérielle
- Augmentation de l’activité du peptide natriurétique , d’où une élimination plus importante du sodium dans les urines pendant le jeûne
- Diminution des taux d’insuline et de glucose sanguins, facteurs de tension artérielle.
- Vasodilation des vaisseaux sanguins, par augmentation de la production de monoxyde d’azote par les cellules intestinales et baisse de l’endothéline (qui resserre es vaisseaux sanguins)
Le jeûne prolongé pourrait donc être envisagé comme thérapie complémentaire des médicaments antihypertenseurs, et suivi d’une adaptation du style de vie de la personne.
Écrit par Cécile Enderlé-Chazalviel
Accompagnatrice de jeûne certifiée FFJR L’Escale Jeûne, Valensole en Provence
contact@lescalejeune.fr
Références :
(1) Blood pressure changes in 1610 subjects with and without antihypertensive medication during long-term fasting , par Franziska Grundler, Robin Mesnage, Andreas Michalsen et Françoise Wilhelmi de Toledo, American Heart Association, novembre 2020
(2) Medically supervised water-only fasting in the treatment of hypertension, par Goldhamer A et al. J Manipulative Physiol Ther. 2001 Jun;24(5):335-9
Cet article est rédigé par l'organisateur Cécile Enderlé-Chazalviel